"Ce matin promenade à pied à Kérantec. Les abords de la jetée du petit port très déserts, la plage qui s'étend à gauche toute vide, bordée de dunes couvertes de joncs desséchés. Il y avait gros temps au large, un ciel bas et gris, de fortes lames plombées qui cataractaient sur la plage. Mais entre les jetées étonnait le silence de ces hautes ondulations contre les parois de pierre : de grosses langues pressées et rudes, mais agiles, inquiétantes, sautaient brusques comme une langue de fourmilier lorsque, sans crier gare, elles atteignaient le niveau de la digue et éclataient à l'air libre en gerbe glacée."
"Vers le soir, je suis parti pour une promenade au-delà du phare de la Torche. Le phrase passé, soudain toute vie cesse, et s'étend un grand arc de plage bordé de dunes, un paysage complètement nu, d'un vide oppressant, tout tressaillant du tonnerre des grands rouleaux de vague sur le sable désoeuvré. Sous le ciel gris, entre les vagues marines et les vagues de sable, c'était comme une chaussée de plain-pied au péril de la mer, le cercle enchanté d'un atoll, un instantané, sous une lumière de soufre, le passage de la Mer Rouge."